Agrile du frêne

 

Qu'est-ce que l'agrile du frêne ?

Comment reconnaître l'agrile ?

L’agrile du frêne est un insecte de l’ordre des coléoptères. Tout comme la coccinelle, sa première paire d’ailes est rigide. L’insecte adulte de couleur bleu-vert métallique mesure entre 8,5 et 14 mm. Son abdomen, visible sous les ailes, est rouge cuivré clair. L’agrile peut être observé à la cime des arbres et sur le feuillage entre la mi-mai et la fin juillet.

L’agrile pond ses œufs sur l’écorce des frênes entre juin et août. Sept à dix jours plus tard, les œufs éclosent et les larves creusent de minuscules galeries sous l’écorce. Elles se nourrissent de la partie vivante de l’arbre, celle qui achemine la sève jusqu’aux feuilles, tout au long de leur cycle de vie. Un à deux ans plus tard, les adultes ressortent de l’arbre par des trous en forme de « D » d’une taille de 3 à 4 mm. Ils se nourriront alors des feuilles de frênes avant de pondre à leur tour des œufs, souvent sur le même arbre si celui-ci n’est pas trop ravagé. 

Pour vous aider à identifier l'agrile du frêne et éviter de le confondre avec des insectes qui lui ressemblent, consultez cette page web.

 

Comment se propage l'agrile ?

L'agrile adulte, qui émerge habituellement de la fin mai jusqu’en juillet, se propage de façon naturelle en volant. Il infestera d’abord l’arbre duquel il a émergé, puis les arbres à proximité. Des recherches ont montré que l’insecte est capable de se déplacer sur une distance de plusieurs kilomètres (2 à 10 km). Toutefois, le déplacement par l’homme de produits infestés, comme du bois chauffage incluant du frêne ou d’autres matériaux (ex. branches, arbres de pépinières), constitue le plus grand risque de propagation de l'insecte dans de nouvelles régions.

 

Pourquoi doit-on la craindre ?

On trouve des frênes couramment le long des rues, des cours d’eau et dans les boisés, les brise-vent et les forêts du sud du Québec. Le frêne constitue l’une des essences qui convient le mieux aux milieux urbains. Par ailleurs, le bois de frêne est aussi utilisé dans la fabrication de meubles, de planchers de bois franc, de bâtons de baseball, de manches d'outils, de guitares électriques et d'autres objets qui doivent être solides et résilients.

L’infestation par l’agrile du frêne entraînera une perte des services écologiques rendus par les arbres. En milieu urbain, le fléau imposera des coûts supplémentaires de gestion de la forêt. Là où le frêne est abondant, les impacts de l’agrile du frêne seront multiples:

  • Perte de la canopée (couvert arborescent) et de biodiversité
  • Perte esthétique du paysage et de la qualité de vie
  • Hausse des températures en période de canicule et des coûts de climatisation
  • Baisse de la qualité de l’air
  • Augmentation des risques d’inondation en milieu urbain
  • Hausse de la pollution sonore
  • Perte des usages commerciaux du frêne
  • Perte de la valeur foncière des propriétés
  • Coûts d’abattage et de reboisement
  • Impact sur la santé humaine (cardio-respiratoire)

Présence de l'agrile à Granby !

L'origine de l'agrile du frêne

Originaire d'Asie, c’est en 2001 à Détroit au Michigan que l’agrile du frêne a été observé pour la première fois sur le continent. En 2003, la perte de frênes se chiffrait déjà à près de 5 millions, et ce, au centre et en périphérie de Détroit. L’agrile du frêne aurait été introduit dans le bois de différentes marchandises provenant d’Asie. Les échanges commerciaux sont en effet souvent le vecteur d’espèces envahissantes. Depuis, l’agrile se propage aux États-Unis et au Canada, de façon naturelle en volant d’arbre en arbre, mais aussi par le biais du déplacement de matériaux et de bois de chauffage contaminés.

 

Progression de l'infestation

Au Québec, c’est à Carignan, en 2008, que l’agrile du frêne a été détecté pour la première fois (Ressources naturelles Canada). Depuis, il se disperse dans le sud-ouest du Québec et poursuit sa progression vers l’est, même si des efforts pour endiguer le foyer d’infestation ont été tentés initialement (MRN, MAPAQ, MAMROT, ACIA, INRS, ville de Carignan). Afin de ralentir sa propagation, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) délimite des zones où elle réglemente le déplacement du bois.

 

Situation à Granby

À Granby, des employés municipaux ont découvert l’insecte en septembre 2013 sur un arbre du parc Joseph-Charles-Berthiaume. Quelques jours plus tard, l’ACIA confirmait officiellement la présence du ravageur. L'insecte est maintenant bien implanté sur le territoire. C'est pourquoi il est important d'agir maintenant pour ralentir l’infestation contribuera à éviter une hécatombe des frênes du territoire. La municipalité a dénombré 1 054 frênes publics sur le territoire et a élaboré une stratégie pour conserver le plus possible la canopée (couvert arborescent), limiter les coûts et étaler les frais d'abattage et de plantation dans le temps. Du côté des arbres privés, les citoyens sont invités à être vigilants, à déclarer leur frêne et à s’informer sur les actions possibles.

Avez-vous un frêne ?

Comment l'identifier ?

Il existe trois espèces de frênes indigènes au Québec :

  • le frêne blanc (frêne d’Amérique, Fraxinus americana)
  • le frêne rouge (frêne de Pennsylvanie, Fraxinus pennsylvanica)
  • le frêne noir (Fraxinus nigra)

Soulignons que l’agrile du frêne s’attaque à toutes ces espèces. Il est relativement facile de distinguer un frêne d’un autre genre d’arbre. Voici les critères à regarder pour identifier un frêne :

Les feuilles du frêne sont généralement vertes en été et jaunes à l’automne. Les feuilles sont composées et comprennent entre 5 et 11 folioles. Une feuille comporte un nœud (bourgeon) au bout de son pétiole, là où elle s’attache avec la branche de l’arbre. La marge des folioles peut être entière ou finement dentée. Elles terminent de façon très pointue.

Les folioles sont placées de façon opposée sur le pétiole et les feuilles le sont aussi sur la branche. Il en va de même pour les rameaux sur les branches de l’arbre.

Les bourgeons terminaux sont de couleur brun foncé (identification en hiver).

L’écorce des frênes matures est rigide et formée de crêtes entrecroisées et losangées, à l’exception du frêne noir qui présente une écorce irrégulière semblant composée de morceaux s’en détachant.

Les semences sont des samares se regroupant en grappes de couleur verdâtre. Elles ont l’aspect d’une rame et peuvent persister l’hiver.

 

Ressemblances trompeuses avec d'autres espèces

Les arbres avec lesquels on confond souvent les frênes sont les noyers, les caryers et les érables négundo.

Signes et symptômes de l'infestation

L’insecte commence à s’attaquer aux arbres le plus souvent à partir de leur cime en descendant vers le bas du tronc. Après un certain temps, les traces du ravageur deviennent perceptibles : les signes sont des dommages physiques sur l’arbre causés par l’agrile alors que des symptômes sont des réactions de l’arbre à l’attaque du ravageur.

Lorsque les signes et symptômes sont bien visibles, c’est que l’arbre est déjà infesté depuis 2 à 3 ans. Lorsqu’ils sont visibles à la hauteur des yeux, l’état d’infestation est très avancé et il est possiblement trop tard pour le sauver.

 

Principaux signes d’infestation

Galeries larvaires en forme de « S » juste sous l’écorce.

 

 

Trous de sortie en forme de « D ». Les trous percés par l’agrile mesurent environ 4 mm de diamètre.

 

Encoches d’alimentation sur le feuillage. Les feuilles semblent être grugées par des insectes.

L’agrile adulte se nourrit des feuilles de frênes en y taillant des formes concaves arrondies au pourtour.

 

Principaux symptômes d'infestation

  • Jaunissement prématuré du feuillage, mortalité de branches, éclaircissement de la cime.
  • Présence de gourmands (pousses adventives).
  • Fendillement, fissures et décollement de l’écorce (déformations).
  • Surabondance de samares. Un arbre stressé produira beaucoup plus de fruits, donc de graines, qu’à l’habitude.

 

Autres signes non spécifiques (agrile ou autres ravageurs)

  • Trous de pics. Des trous laissés par les pics sont un signe de la présence d’insectes sous l’écorce de l’arbre, mais pas nécessairement de l’agrile.
  • Enlèvement de l’écorce par les écureuils. Des bandes d’écorce effilochée peuvent être un signe que des écureuils se sont nourris de larves d’insectes présentes sous l’écorce. On peut conclure que l’arbre contient des insectes, mais pas nécessairement de l’agrile.
  • Présence de la cochenille virgule du pommier. Les arbres stressés attirent souvent plus d’insectes. Une forte présence d’insectes sur un frêne, comme la cochenille virgule du pommier, peut être un indice d’une infestation par l’agrile sous l’écorce.

Que puis-je faire ?

Élaborez votre propre stratégie adaptée à votre milieu

Surveiller : inventaire et suivi
Vérifiez si vous avez un frêne sur votre terrain. Surveillez son état de santé. Un frêne qui montre des signes et symptômes d'infestation depuis 2 ou 3 ans mourra en quelques années. Si vous avez des doutes sur l’état de santé de votre frêne, il est conseillé de consulter un spécialiste (arboriculteur ou élagueur) afin de vous aider à identifier le problème et à évaluer le degré d’infestation. Déclaration volontaire de vos frênes

Traiter avec un biopesticide
Les frênes peuvent être traités contre l’agrile à condition que l’infestation de l’arbre n’en soit qu’à ses débuts c’est-à-dire si aucun signe ou symptômes n’est visible.  Au Canada, trois produits sont homologués : l’Acecap, le Confidor et le TreeAzin. Ce dernier est fabriqué à partir d’une substance répulsive produite naturellement par un arbre exotique (margousier).

La toxicité pour l’environnement du TReeAzin est moindre que pour les deux autres. Il est vendu par la compagnie BioForest. L’efficacité du traitement est maximale lorsque l’arbre est peu ou pas infesté. Les traitements devront se faire entre le mois de juin et la fin du mois d’août. Consulter la liste des arboriculteurs certifiés pour appliquer le traitement au TreeAzin ou au 450 689-9393.

Traiter un frêne sur une longue période permet de :

  • Conserver l’arbre et ses services écologiques ;
  • Planter un nouvel arbre et leur donner le temps de pousser, et dans une certaine mesure laisser passer le pic d’infestation du ravageur ainsi que le temps à la recherche de développer des solutions

Il est important de planifier l’abattage de l’arbre si le traitement n'est pas souhaité ou exclu.

Consultez l'outil d'aide à la décision.

 

Abattre et remplacer

Si vous avez un frêne infesté et que les signes sont visibles, vous pouvez abattre votre arbre entre le 1er octobre et le 30 avril. Soulignons qu’il coûte moins cher d’abattre un arbre vivant que mort. Informez-vous auprès de la ville, car vous pourriez avoir besoin d’un permis pour procéder. Chaque propriétaire est responsable de l'entretien et de l'abattage des arbres situés sur sa propriété. Le remplacement d’un arbre devra aussi être assumé par le propriétaire.

 

Que faire des déchets de bois ?

Voici quelques conseils qui aideront à limiter la propagation du ravageur : 

  • Abattre les frênes infestés lors de la période suivante : 1er octobre au 30 avril ;
  • Éviter de mettre les branches de frêne dans la collecte des ordures ménagères. Les apporter à l’écocentre, entre le 1er octobre et le 30 avril, ou les faire broyer en copeaux (plus petits que 2,5 x 2,5 cm sur deux dimensions) ;
  • Ne pas déplacer de bois potentiellement infesté hors de la zone réglementée par l'ACIA.

Planter d'autres essences d'arbres

Voici des exemples d’arbres pour remplacer les frênes :

  • Arbre aux quarante écus  Ginkgo biloba 20 m
  • Génévrier de Virginie Juniperus virginiana  10 m
  • Érable rouge Acer rubrum 20 m
  • Érable de Freeman Acer x freemanii  17 m
  • Micocoulier occidental Celtis occidentalis  15 m
  • Virgilier à bois jaune Cladrastis kentukea 10 m
  • Févier d'amérique Gleditsia triacanthos var. inermis 18 m
  • Chicot du Canada  Gymnocladus dioicus 20 m    

Que fait la Ville de Granby ?

Plan d’action de la Ville de Granby

La Ville a dénombré plus d'un millier de frênes publics sur le territoire. Ce chiffre n’inclut pas : 

  • les frênes présents sur les terrains privés,
  • les frênes situés sur des terrains privés, mais dans l’emprise de la Ville,
  • les frênes situés dans les boisés publics (Boisé Miner, parc Terry-Fox, abords de la rivière Yamaska, parc Bellevue, Henri-Martin, CINLB, Brodeur).

La Ville a élaboré une stratégie pour conserver le plus possible la canopée (couvert arborescent) et sa biodiversité, limiter les coûts et assurer la sécurité de tous. Les objectifs sont de :

  1. Ralentir la progression de l’agrile du frêne sur le territoire de la Ville de Granby.
  2. Réduire les frais engendrés par la perte massive de frênes en peu de temps
  3. Assurer la sécurité des citoyens.
  4. Maintenir une biodiversité viable dans nos boisés urbains.

Les stratégies d’interventions consistent à mettre en œuvre :

Communication
L'objectif est de bien informer les citoyens, les organisations et les intervenants ciblés sur les actions à prendre pour contrer la prolifération de l'insecte. La Ville transmet l'information sous diverses formes, soit par des séances d'information, le bulletin municipal Granby vous informe, les journaux locaux, des messages radio et les panneaux d'affichage numérique. La Ville a également conçu en 2014 un dépliant d'information ainsi qu'un outil d'aide à la décision et a développé la présente page Internet. La ligne d'information de la Division de l'environnement (450 361-6000) est également disponible pour les citoyens qui ont besoin d'information.

Dépistage
Depuis 2011, la Ville réalise de l'écorçage préventif afin de rechercher l'insecte sous sa forme larvaire. C'est ce qui a permis la première détection en 2013. Par la suite, l'écorçage s'est poursuivi de manière intensive afin de s'assurer de valider la présence de l'insecte dans les autres secteurs de la ville. Le dépistage est effectué sur la totalité du territoire de Granby avec une action ciblée vers les lieux infestés. En 2014, des pièges ont également été installés aux quatre coins de la ville soit dans les parcs des Boisés Miner, Terry-Fox, Lemieux et Leblanc.

Abattage des arbres
L’abattage des arbres est réalisé pour réduire les foyers d’infestation en éliminant l’hôte, le frêne! L’abattage sera fait en automne ou en hiver, soit d’octobre à avril, afin d’éviter la dispersion des insectes adultes. En 2014, 30 frênes dépérissants ont été abattus puis remplacés.

Valorisation de la matière
Autant que possible, le bois sera valorisé par la Ville. Il est probable que des quantités importantes de bois soient disponibles dans un court laps de temps. Des pistes de valorisation du bois seront identifiées et expérimentées avec l’aide de scieries mobiles, que ce soit en compost, meubles, planches ou planchers.

Traitements
Le TreeAzin (biopesticide) a été utilisé pour traiter préventivement 190 frênes en 2014. Le traitement doit être renouvelé tous les 2 ans.

Remplacement des arbres
Les arbres ayant un calibre inférieur de 8’’ au DHP (diamètre hauteur poitrine) ne seront pas traités, ils seront remplacés aussitôt que l’agrile sera dépisté. Depuis le début de l'année 2015, 830 jeunes pousses d'arbre ont été plantéesdans les zones boisées soit dans les Boisés Miner, le parc Terry-Fox et les bandes riveraines.

Observation des milieux naturels
Les peuplements forestiers de la région de Granby sont constitués d’érablières à tilleul. Ce peuplement se caractérise par la présence de chêne blanc (Quercus alba), de bouleau jaune (Betula alleghaniensis), d’érable à sucre (Acer saccharum), de tilleul d’Amérique (Tilia americana), de frêne d’Amérique (Fraxinus americana), d’ostryer de Virginie (Ostrya virginiana) et de noyer cendré (Juglans cinerea). Lors d’observations dans le boisé Miner, on constate que certains endroits possèdent jusqu’à 40% de frênes. Ces zones subiront de grands changements dans les prochaines années et se retrouveront avec une perte de canopée importante.

Ressources et informations